Cours VI : La saignée

Qu’est ce que la saignée ?

La pratique de la Saignée repose sur les théories d’Hippocrate et de Galien, sur les humeurs.
La saignée est donc un moyen d’évacuer et rectifié le déséquilibre de ces humeurs, par le prélèvement d’une certaine quantité de sang. On appelle aussi la saignée, la phlébotomie.

La saignée se pratique également de manière préventive. Certaine personne en bonne santé, se font saignée pour évacuer un trop plein de sang et se maintenir de la sorte en bonne santé, notamment dans les abbayes ou des bâtiments appelés « maison des saignées » sont destinés à cela.


Les différentes saignées

Il existe différente sorte de saignée, applicable selon le lieu, le type d’humeur à évacué et surtout en fonction du patient. :

a) La Saignée générale

Avicenne décrit toutes les régions anatomiques et les vaisseaux qui permettent de faire des saignées et comment éviter de traumatiser ou de sectionner les nerfs et les tendons avoisinants les vaisseaux sectionnés ou ouverts ; puis aussi, comment éviter les artères qui peuvent être à l'origine d'une hémorragie iatrogène incontrôlable.

Les régions anatomiques sont multiple comme nous le montre ce document indiquant tous les point de saignée :

Les Points de saignée :

Le choix de la veine ou de l'artère à sectionner pour réaliser la saignée dépend de sa situation anatomique, car il ne faut pas qu'elles soient situées dans une zone très mobile, le mouvement retarde l'hémostase spontanée et la cicatrisation de l'incision, avec le risque d'une reprise spontanée du saignement.
Le choix du vaisseau dépend aussi de l'indication de la saignée, car pour Avicenne, malgré l’agissement de la saignée sur l'ensemble de l'organisme, elle a aussi une action purement locale, au niveau de la région anatomique dans la laquelle, elle a été effectuée ; pour lui, le but de la saignée c'est d'évacuer partiellement le sang d'un organe parce que cet organe contient du sang en excès (donc pour le décongestionner), ou parce que, le sang qui circule dans cet organe est mauvais, ou enfin pour les deux raisons ensemble (sang mauvais et en excès) ; le sang prélevé sera remplacé par du bon sang grâce aux régimes alimentaires adaptés, et les médicaments et les soins administrés.

La saignée peut être aussi réalisée dans le but d'arrêter une hémorragie au niveau d'un organe en attirant la circulation sanguine vers un autre organe, c'est le cas pour l'épistaxis, les métrorragies, les hémorragies digestives, et les hémorragies de l'appareil respiratoire.

b) La Saignée locale

La saignée locale peut s’appliquer de deux façons, soit à l’aide de ventouse, soit à l’aide de sangsue.

c) La Saignée par la ventouse

On applique une ventouse sur la peau, après avoir réalisé une incision cutanée superficielle. Le vide créer par la ventouse accélère l’extraction du sang.
La saignée par ventouse permet d’extraire du sang cutanée et sous-cutanée, la quantité de sang extraite est donc faible et les effets de la saignée, très limités.

d) La Saignée à l’aide de sangsues

La sangsue est une annélide gluant de la famille des Hirudinées ; c'est un vers marin ou d'eau douce dont le corps est terminé par une ventouse à chaque extrémité lui permet de se fixer solidement à la peau, puis avec ses trois mâchoires, elle fait une plaie cutanée à travers laquelle elle suce le sang ; pour faciliter cette action de succion du sang, la sangsue sécrète une substance à effet anticoagulant (l'hirudine) qui empêche la coagulation du sang.
La sangsue est utilisée en Médecine pour réaliser des saignées locales car elle peut sucer jusqu'à 50 à 60 g du sang. Le risque majeur des saignées à l'aide de sangsues est l'infection.


Comment procéder ?

Comme tout acte médical, la saignée implique certaine précaution et l’utilisation d’un matériel propre préalable passé dans de l’eau bouillante vinaigrée

• Précaution d’emploi
  
  Il y a des cas ou la saignée ne peut se faire, notamment chez certain type de patient dont voici la liste :
  
  
  - femmes en période de menstrues
  - femmes enceintes
  - jeunes enfants
  - personnes faibles physiquement ou pâle, asthénique
  -personnes trop maigres ou obèses
  - personnes ayant de la fièvre ou toute autre maladie qui ne serait pas liée à un trop plein de sang
  - personnes présentant une forte hémorragie
  -personnes souffrant de douleurs intenses
  - personnes âgées sauf avec un contrôle très précis de la quantité de sang enlevé
  - personnes vivant dans un pays froid
  - personnes ayant un tempérament mélancolique ou flegmatique
  - femmes qui allaitent
  - personnes devant faire de lourds travaux dans la semaine suivant la saignée
  
  
  La saignée doit également être évitée après un bain, après des rapports sexuels, après un repas copieux. Par contre lorsqu’une saignée est terminée, le patient doit éviter les efforts excessifs, les repas copieux et s’alimenter progressivement.
  
  De même pour tout type de saignée, notamment la saignée générale, il convient d’allonger le malade pour éviter les vomissements et les malaises. Mais aussi, comme dans tout acte médical, de veiller à ce que les instruments utilisés soit propre, préalablement passé dans de l’eau bouillante vinaigrée.
  
  Chez les personnes qui n'ont pas l'habitude d'avoir des saignées, il faut commencer par des saignées de petite quantité, et l'augmenter ensuite progressivement.
  
  
  
• Saignée général
  
  Pour effectuer une saignée générale, il faut pratiquer une incision, bien souvent au pli du coude.
  Pour cela, nous devons comprimer le membre à l’aide d’une ligature afin de faire ressortir la veine qu’il faudra inciser puis nettoyer la peau à l’aide d’une teinture d’ail.
  Lorsque le patient est près, il ne nous reste plus qu’à inciser à l’aide d’une lancette..
  
  
  La Lancette :
  
  
  L’incision se fait en tendant la peau juste sur la veine apparente et en enfonçant la pointe de l’instrument puis, par un léger mouvement de bascule, on relève le tranchant de manière à agrandir l'ouverture en le retirant.
  Le sang est reçu dans des vases d'une capacité déterminée, afin que l'on puisse juger de la quantité évacuée. On accélère l'écoulement en déterminant des contractions musculaires de l'avant-bras, par exemple en recommandant au malade de faire rouler entre ses doigts un corps quelconque. Lorsqu'on juge la saignée suffisante, on détache la ligature, on rapproche les lèvres de la plaie, et on applique une compresse de feuille de plantain broyée et un bandage en 8 de chiffre.
  
  Pour une saignée au pied, on prendra soin de faire prendre au patient un bain de pied bien chaud avant de commencer la saignée.
  
  
  
• Saignée local a l’aide de ventouse
  
  Pour effectuer une saignée à l’aide de ventouse, on commencera comme pour les autres saignées par nettoyer les instruments utilisés et la peau du malade.
  Il faut ensuite faire une légère incision, chauffer quelque seconde la ventouse et l’appliquer soigneusement autour de l’incision.
  Le vide ainsi créer autour de la blessure fera sortir le sang.
  
  
  
• Saignée local à l’aide de Sangsue
  
  Pour effectuer une saignée à l’aide de sangsues, il convient tout d’abord de bien choisir ses sangsues.
  Pour cela, il faut privilégier les sangsues vivant des eaux habitées par des grenouilles et des eaux laissant pousser les mousses.
  
  On évitera donc les sangsues à grosse tête, de couleur grise très foncée ou noire, vertes, celles ayant des rayures de couleur d'azur ou qui possèdent des villosités. Il faut aussi éviter les sangsues qui vivent dans les eaux sales.
  Ces sangsues peuvent provoquer des malaises, des tuméfactions, des ulcérations, des hémorragies, de la fièvre et de l'asthénie
  
  La préparation :
  
  Il faut les pêcher les sangsues un jour avant leur utilisation, les faire vomir en les comprimant pour vider le contenu de leur estomac, puis verser sur elles une petite quantité de sang d'un agneau ou un autre animal pour les nourrir légèrement.
  
  Les sangsues doivent être lavées avant qu'elles soient appliquées sur la peau pour éliminer la glaire et les saletés recouvrant leur corps.
  
  La zone cutanée d'application des sangsues doit être préparée, par lavage et par l'application de borax et enfin, en massant (frottant) la peau pour le faire rougir. Vous pouvez également enduire la surface d’application de sang pour activer les sangsues.
  
  Une fois les sangsues sont remplies du sang, pour les faire décoller de la peau, il faut répandre sur leur corps une petite quantité de sel, ou de la cendre, ou de borax, ou à l'aide d'un morceau d'étoffe chauffé (lin, laine ou éponge).
  Pour la peau libérée des sangsues, le bon geste à faire, c'est d'appliquer sur la peau une ventouse pour extraire localement le sang contenant les substances nocives laissées par les sangsues dans les sites de leur succion, puis, si le saignement ne s'arrête pas, il faut administrer localement certaines substances à effet hémostatique.
  
  Le sang extrait par les sangsues, provient des couches cutanées plus profondes si l'on compare au sang extrait par les saignées à l'aide de la ventouse.

Cours rédigé par Adeline de Courcy
Doyenne de l'Ostel-Dieu de Paris